Premium Beauty News - Comment fonctionne votre duo avec Ariane de Rothschild ?
Jean Jacques - Ariane de Rothschild est très impliquée, c’est une passionnée de parfums, et une véritable entrepreneuse. Si l’on regarde l’histoire de Caron, la plus grande période de création ce sont les 40 années de 1904 à 1941, durant lesquelles Ernest Daltroff, le créateur, dirigeait la Maison. Il y avait alors un foisonnement créatif, une envie de surprendre, de l’audace. Ariane a réveillé tout cela par son énergie et son envie d’entreprendre, sa façon de toujours trouver de nouvelles idées. C’est une femme qui a une énergie libératrice. Au delà des moyens qui permettent de faire de belles choses, elle insuffle une dynamique créative.
Cette maison était celle de Daltroff, mais aussi de Félicie Wanpouille. Il était le créateur olfactif, elle était son associée et sa muse. Ce duo là est réincarné aujourd’hui avec Ariane et moi. Un nouveau duo créatif.
Premium Beauty News - Une collaboration prolifique ?
Jean Jacques - En deux ans, nous avons déjà lancé quatorze parfums. Il y aussi beaucoup de projets pour l’année prochaine et une collection pour 2023, très pertinente et audacieuse. Ça foisonne. Il y a l’envie de montrer qu’il se passe quelque chose dans cette marque. C’est vraiment un relancement fort, engagé et créatif, porté par la passion.
Premium Beauty News - Qu’est ce qui caractérise la signature olfactive Caron ?
Jean Jacques - Une utilisation overdosée des naturels. Quand on met 10% de vétiver responsable dans Aimez moi comme je suis, c’est vraiment la signature de la Maison. Pour Un Homme c’est près de 61% de lavande naturelle, c’est unique dans le sélectif. Pour Poivre Sacré et Poivre Imperial, je suis parti du même postulat que Parfum Sacré créé dans les années 1990, qui est un des premiers parfums féminins surdosés en essence de poivre, soit 6%. Poivre Sacré, est un poivre sulfureux, puissant, fort en épices, avec ce même postulat de 6% d’essence de poivre.
Sur la trame créative, je m’inspire aussi de l’histoire de la Maison qui repose sur cette idée de dualité inattendue, à l’image de la rencontre entre Daltroff et Wampouille, mais aussi du duo lavande et vanille dans Pour Un Homme, ou d’Ariane et moi aujourd’hui.
Je construis mes parfums autour de cette idée de rencontre explosive entre deux ingrédients qui ne sont pas pensés pour aller ensemble et qui finalement fonctionnent, le vétiver et la noisette dans Aimez Moi Comme Je Suis ou comme la tubéreuse et le gingembre dans Tubéreuse Merveilleuse.
Premium Beauty News - Comment se porte la marque après ces deux années ?
Jean Jacques - Tout reste à faire mais il y a des signaux très positifs. La boutique à Paris ne désemplit pas. Nous ouvrons de nouveaux marchés, le Moyen Orient où l’on a toute légitimité avec des parfums puissants, et l’Asie où bien qu’il y ait une appétence pour des parfums frais, nous sommes surpris de voir que des parfums signés et puissants fonctionnent.
D’une manière générale, il y une attente positive par rapport à la marque. Il y a une tendresse. On connaît tous quelqu’un qui a porté un parfum Caron, même sur les marchés étrangers. Il n’y a donc aucune raison que nous n’allions pas proposer ce que l’on sait faire.
Premium Beauty News - Et en France ?
Jean Jacques - Les gens se rendent compte qu’il se passe quelque chose même si tout le monde n’a pas fait ce chemin là. Aimez Moi Comme Je Suis a été lancé en 2020 en plein Covid, mais c’est un parfum qui recrute au porté. Les gens le sentent et ils l’adorent. Dans notre boutique c’est notre 2e vente, la première au Moyen Orient. Cela fait son chemin mais il faut continuer à être très créatif, à être dans notre rôle de Maison de parfumerie, créée par un parfumeur, à expérimenter, prendre des risques, pour que de nouvelles personnes viennent à sentir nos parfums. J’ai le sentiment que les prémices sont là.