L’Agence du Don en Nature et la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), le syndicat professionnel du secteur cosmétique, ont mené, en collaboration avec le cabinet d’études PRS In Vivo (groupe BVA) une étude qualitative et quantitative auprès de bénéficiaires d’associations pour déterminer l’utilité sociale des produits cosmétiques, d’hygiène et de beauté, et mieux appréhender les habitudes et besoins des personnes en situation de précarité [2]. Résultat : ces produits souvent jugés superflus, voire relevant du luxe, jouent un rôle important dans le quotidien des plus démunis.
Besoins vitaux et besoins sociaux
L’étude est sans ambiguïté sur les choix réalisés par les personnes dans le besoin. « Hygiène, beauté et soin ne sont jamais mentionnées en premier, la priorité est de subvenir à des besoins vitaux : se nourrir, se loger, et protéger leur famille », soulignent les auteurs. Autre facteur à prendre en compte : les enfants, dont les besoins sont également privilégiés.
Pourtant, l’enquête montre aussi que l’accès à la beauté est source de nombreux bénéfices. L’amélioration du bien-être physique et psychique permettant d’enclencher un « cercle vertueux » en matière d’expression, d’estime de soi, et de confiance, autant de facteurs qui permettent « de renforcer [le] sentiment d’appartenance à la société », un levier lui aussi indispensable.
Les personnes concernées sont d’ailleurs 83% à considérer qu’un accès à un plus grand nombre de produits de beauté leur permettrait d’améliorer leur estime de soi et ainsi se tourner (plus) sereinement vers l’avenir.
Le parfum, vecteur roi de l’estime de soi
À ce titre, le parfum apparaît comme le produit de beauté le plus plébiscité. C’est le plus universel, celui qui peut être utilisé et apprécié par tout le monde, qui peut être utilisé pour soi ou comme cadeau.
Plus de trois quarts des femmes (78%) mentionnent le parfum comme ayant un impact positif en matière d’estime de soi, devant les produits pour les cheveux (70%), les crèmes hydratantes pour le visage et le corps (62%), et le maquillage dans sa globalité (51%), dont les produits pour les yeux (38%), les rouges et baumes à lèvres (30%), et les fonds de teint et poudres (29%).
D’une manière générale, les femmes dans le besoin témoignent du rôle majeur des produits de beauté sur les plans personnel, relationnel et sociétal. « J’ai repris confiance en moi, j’ai réalisé que j’avais aussi le droit de vouloir me sentir belle », explique une bénéficiaire d’association. Une autre raconte : « Ça m’a aidé à aller vers les autres, à ne plus avoir honte et oser ». Une troisième évoque l’impact des cosmétiques sur l’insertion professionnelle : « C’est important d’être apprêtée pour un entretien d’embauche, on veut faire bonne impression ».
Face à ces besoins, certaines associations ont mis en place des ateliers socio-esthétiques qui permettent aux personnes accompagnées de fabriquer des produits, d’obtenir des conseils, et de participer à des sessions maquillage, entre autres. Une expérience qui sonne comme une prise de conscience pour nombre de bénéficiaires, comme l’explique l’une d’entre elles : « Je n’avais pas conscience à quel point je m’étais délaissée, ça a été un véritable électrochoc pour moi ».
« Cette étude vient corroborer le constat que nous faisons au quotidien à travers les 1600 associations de lutte contre la précarité qui sont accompagnées par l’Agence du Don en Nature : les produits de soin et de beauté jouent un rôle essentiel dans le parcours de réinsertion des publics aux parcours fragiles. Faciliter l’accès à ces produits et contribuer à la transmission des bonnes pratiques dans leur utilisation est un levier formidable sur lequel les entreprises cosmétiques se mobilisent depuis de nombreuses années à nos côtés et elles doivent plus que jamais continuer à le faire, en appui de l’action remarquable des associations de solidarité qui œuvrent auprès des plus démunis », indique Romain Canler, Directeur général de l’Agence du Don en Nature.
« Loin d’être futiles, des produits comme les parfums, les crèmes de soins ou le maquillage se révèlent déterminants pour l’estime de soi, la confiance, l’insertion sociale des personnes en situation de précarité », confirme Emmanuel Guichard, Délégué général de la FEBEA.
En France, les dons du secteur de l’hygiène-beauté, représentent 40% des dons non-alimentaires.