Baptisée Judith Paris, du prénom de la fille de la créatrice et de femmes marquantes croisées dans sa jeunesse, la nouvelle marque a lancé en juin une première gamme de trois fragrances, signées Maurice Roucel et Suzy Le Helley, parfumeurs chez Symrise.
Inspiration rétro et parisienne
Sarah-Lee Chlewicki rêvait de croquer la féminité parisienne, à travers des instants de vie. D’où la touche fashion dont est imprégnée Judith Paris, et les noms des trois premières fragrances — Col Rond, Taille Haute et Oversize — inspirés par les éléments de base du vestiaire des années 1980-1990 qui ont bercé l’enfance de la jeune femme.
Les trois fragrances ont été pensées comme des portraits, chacun illustré par une pièce typique du vestiaire des Parisiennes.
Clin d’oeil au t-shirt blanc, Col Rond se veut confortable et androgyne. Sarah-Lee souhaitait donc un sillage très lisible, autour de notes musquées et boisées, qui puisse évoquer le style d’un White Musk ou d’un Musk de Khiels. Un parfum à l’effet peau, avec un côté cocooning et facile à porter. C’est sans doute le parfum le plus intimiste de la gamme, là où les deux autres ont un sillage plus opulent. En tête, domine le dihydromyrcenol, une note connotée masculine à l’effet propre et lavandé. Signé par Suzy Le Helley, le parfum évolue ensuite vers plus de douceur, autour d’un fond teinté d’Iso E Super, cette molécule veloutée aux effets boisés et musqués, de muscs et d’ambrox. En cœur, un jasmin assez doux, frais, vient faire un lien entre l’envolée et le fond lacté, boisé et ambré (à l’image de certains captifs de Symrise), en texturant l’ensemble.
Également confié à Suzy Le Helley, Taille Haute se dessine autour d’une rose au sillage affirmé, avec cette silhouette « épaulettes, taille cintrée et lunettes en écaille » typique des années 1980. Une rose dont la facette ozonique, aquatique, n’est pas sans rappeler certaines créations des années 1990 (Issey Miyake, Eden de Cacharel). Ourlée d’une touche de violette, cette rose garde une écriture moderne grâce aux bois secs, qui propulsent le sillage et ancrent la tenue. Une note de pêche apporte de la douceur à l’ensemble. À l’image des eighties qu’affectionne Sarah-Lee, le parfum est plutôt aérien mais affirmé et diffusif, sans être lourd pour autant.
Enfin, Oversize se prêtera parfaitement à l’automne et à l’hiver. Un oriental vert, qui oscille entre un Dune de Dior, un Must de Cartier et un Obsession de Calvin Klein. Un héritage revendiqué par la créatrice mais porté par une écriture plus fluide, actuelle. Derrière ce parfum enveloppant (très 1980s), on reconnaît la signature de Maurice Roucel, qui n’a pas son pareil pour tisser des sillages douillets et addictifs. Quelques notes vertes, en tête, relèvent cette partition un peu “boule” dans laquelle on a envie de se lover. Un accord délicieusement baumé, entre la fève tonka, le benjoin, le baume Tolu, l’encens et le labdanum, qu’habille une touche florale (jasmin) et poudrée (violette). Une partition chaleureuse, qui dégage quelque chose de crémeux, musqué, très confortable.
Un écrin simple pour mettre en valeur le parfum
Sarah-Lee Chlewicki ne s’est pas lancée dans cette aventure sans expérience. Passionnée de parfums depuis l’enfance, diplômée de l’ISIPCA, elle est évaluatrice depuis une quinzaine d’années. Elle a longtemps travaillé chez Firmenich, puis Fragrances Resources, avant d’intégrer l’équipe de Symrise. Participer au développement de marques lui a insufflé l’envie de fonder un projet à son image. Elle voit son rôle d’évaluatrice, en échange constant avec les parfumeurs, comme un atout pour la direction artistique d’une marque.
Côté design, l’orientation est clairement celui de l’épure et d’une élégance sobre. Les trois premiers parfums sont habillés d’un écrin simple, destiné à valoriser les fragrances. « Nous avons fait le choix d’un design non ostentatoire, qui valorise l’effort de création des parfumeurs et les choix de matières premières », explique la jeune entrepreneuse.
Le flacon (50ml) et les capots ont été sourcés chez Coverpla et les produits sont conditionnés chez HGP Prestige. L’étui en carton FSC non couché, donc recyclable, au marquage noir sur fond blanc ancre la marque dans son univers mode.
Sarah-Lee Chlewicki prévoit d’enrichir la gamme de nouveautés, à découvrir l’an prochain. En attendant, on peut trouver la marque dans des adresses de seconde main branchées, en cohérence avec l’esthétique vintage de la gamme, mais aussi dans des concept-stores de mode et de parfum, à l’image de Conscience, une boutique de marques de niche située rue des Pyrénées à Paris 19e, dans certains hôtels parisiens et bien-sûr en ligne, via le site de la marque (www.judith-paris.com) [1].
« L’objectif de la première année est de bien installer la marque avant de développer la distribution et la gamme pour élargir les ventes », conclut la créatrice.
À noter : Les nouveautés du marché mondial du parfum seront présentées lors de la prochaine édition du Fragrance Innovation Summit le 30 nombre 2023 à Paris. |