Premium Beauty News - Où en êtes-vous des objectifs de durabilité que vous vous êtes fixé ?
Bénédicte Luisi - Nous venons de publier notre rapport annuel qui balaie l’ensemble des scopes sur lesquels nous travaillons : les sites de production, les transports, notre politique sociétale et bien sûr, notre gamme produits sur laquelle nous avons pris des engagements forts pour être proactifs.
Nous mettons tout en place pour pouvoir proposer des alternatives, notamment avec des matières plus durables et responsables, pour sortir des matières fossiles, intégrer du recyclé et bien sûr améliorer la recyclabilité des produits, ce qui permettra aussi d’avoir en sortie des matières recyclées de meilleure qualité.
Donc nous avons cette démarche proactive mais on sent encore du « retard à l’allumage » au niveau des demandes marché, notamment concernant l’utilisation de matière recyclée. Cela demande pas mal de compromis pour les marques, esthétiques notamment.
Néanmoins la demande et le besoin augmentent car travailler sur ces matières alternatives permet aussi aux marques d’atteindre leurs objectifs en termes de réduction de carbone. Nos clients nous parlent de plus en plus de l’aspect carbone, de la traçabilité. Ils ont pris des engagements et mènent une politique qui va au-delà du durcissement de la règlementation européenne prévu en 2025.
Premium Beauty News - Les enjeux semblent pour l’heure être centrés sur les matières recyclées et la recyclabilité, quelles sont les progressions dans ce domaine ? Quid de l’approvisionnement en plastique recyclé ?
Bénédicte Luisi - Nous avons créé un catalogue spécifique pour mettre en avant l’ensemble des produits qualifiés avec des matières recyclées. Cela permet à nos clients de bien identifier ce qui est prêt.
La plupart de nos produits beauty sont qualifiés avec du contenu recyclé mécanique. Nous avons mis en place une approche propre à Aptar le PCR PLUS, afin de proposer des matières compatibles avec les applications cosmétiques lorsque la compatibilité alimentaire n’est pas disponible. Nous vérifions la traçabilité, nous faisons une évaluation de la toxicologie et de la compatibilité avec des applications beauté.
En termes d’innovation, nous travaillons en amont avec des sociétés partenaires engagées, c’est le cas avec PureCycle qui propose une nouvelle technologie qui permettrait, grâce à un process de décontamination supplémentaire, d’avoir un polypropylène recyclé haute qualité, ultra pur. Aptar fait également partie du projet Next Loop, une autre technologie pour du recyclé PP compatible avec des applications beauté.
L’approvisionnement est un exercice particulier pour les matières recyclées Sur la matière recyclée mécanique, nous avons sécurisé en mettant en place des contrats avec des fournisseurs de matières et en anticipant ce que serait le besoin du marché d’ici 2 à 3 ans. Sur le recyclé chimique c’est plus compliqué car c’est encore un procédé en phase pilote, mais là aussi grâce aux partenariats, nous avons sécurisé l’approvisionnement en anticipant sur 18/24 mois à l’avance. Nous gérons des hypothèses, c’est plutôt du management du risque.
De manière générale, notre objectif est d’utiliser toutes les technologies possibles sur le marché pour intégrer du recyclé puisqu’elles vont nous permettre d’augmenter notre taux de conversion et d’inclusion de recyclé.
Concernant le recyclabilité des produits, c’est un sujet complexe car les critères ou grilles de lecture ne sont pas encore bien établies par la règlementation européenne. Globalement, Il faut aller le plus possible vers des packs monomatière qui utilisent au maximum le PE, le PP et le PET, les trois matières sur lesquelles nous avons une filière de recyclage. Il faut sortir les autres matières qui vont déclassifier la recyclabilité des produits.
Premium Beauty News - Les nouveaux matériaux alternatifs au plastique, notamment issus du végétal, représentent-ils une solution d’avenir ?
Bénédicte Luisi - Là encore nous explorons toutes les pistes en matière de résines issues de sources biosourcées. Les prérequis sont de regarder l’impact sur la fin de vie du produit, voir si ces matières sont compatibles avec le recyclage, voir comment elles vont se comporter selon les critères de biodégradabilité et de compostabilité, et quel est l’impact environnemental réel et chiffré sur la consommation de carbone, d’eau, la diversification des terres, la traçabilité … Idéalement, il faut que ces matériaux soient issus de déchets et de co-produits d’une industrie déjà existante.
Notre objectif est d’avoir des actions sur lesquelles il y a de vrais impacts chiffrés, nous utilisons pour cela notre outil de conception Eco-Design qui nous permet de vérifier que l’idée de départ est vraiment une bonne idée en pratique, qu’il y a un véritable avantage sur l’impact environnemental sur l’ensemble des critères évoqués.
Premium Beauty News - La recharge apparaît comme la solution la plus efficace en termes de durabilité, quel est votre point de vue ?
Bénédicte Luisi - Surtout sur certaines applications. C’est la solution pour le marché de la fragrance où il y a une grosse demande pour des solutions qui vont pouvoir allonger la durée de vie du produit, sur le maquillage aussi.
Aujourd’hui, les produits doivent être recyclables OU rechargeables, mais la règlementation va bientôt demander les deux critères, avec la recyclabilité du pack mais également de la recharge donc c’est une demande des marques mais ce n’est pas la seule voie explorée.
Premium Beauty News - En conclusion, comment voyez-vous le packaging beauté du futur ?
Bénédicte Luisi - Des packs plus simples en termes d’utilisation de matière, nous devons aller vers le monomatière, et complètement recyclables, ils devront s’inscrire dans les filières de recyclage et répondre aux exigences des recycleurs.
Nous sommes proactifs sur le sujet, en transformant tous les jours notre gamme pour améliorer l’empreinte environnementale au travers de critères de recyclabilité, d’intégration de recyclé et de réduction de notre impact carbone. Pas de dérogation sur le vrai impact et la gestion de la fin de vie.
Aptar Beauty publie un livre blanc sur les matériaux durables Ce livre blanc (en anglais) se concentre sur la contribution des solutions de distribution (pompes, airless, etc.) au développement de l’économie circulaire, avec pour objectif de faire le point sur les solutions qui se profilent pour réduire l’impact environnemental, et aider l’industrie de la beauté à devenir plus durable. |