Les membres du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) se sont engagés à un niveau zéro de pollution plastique d’ici 2040 - un objectif réalisable, affirment-ils, grâce à l’essor de l’économie circulaire et à la réduction ou à l’interdiction des plastiques à usage unique et non recyclables.
Cette annonce intervient juste avant la prochaine réunion de l’ONU, fin mai à Paris, pour discuter des détails du traité international sur le plastique. Dans sa déclaration, le G7 indique que ses membres coopéreront de manière constructive à cette convention des Nations Unies y compris sur des « mesures contraignantes » et couvrant « l’ensemble du cycle de vie des plastiques ».
Il y a un an à Nairobi, 175 pays ont entamé des négociations pour mettre fin à la pollution plastique dans le monde via l’adoption — dans le cadre des Nations Unies — d’un traité juridiquement contraignant d’ici la fin de 2024. La prochaine session de négociations est prévue en mai à Paris. Parmi les mesures prévues figurent l’interdiction mondiale des plastiques à usage unique, la mise en place d’un système "pollueur-payeur" et d’une taxe sur la production de nouveaux plastiques.
Des millions de tonnes de plastique finissent dans l’environnement
En effet, la situation actuelle est jugée très préoccupante. La production mondiale de plastique a presque doublé entre 2000 et 2019, passant de 234 millions de tonnes à 460 millions de tonnes, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les déchets plastiques ont plus que doublé pendant cette période, atteignant 353 millions de tonnes en 2019.
Mais la production mondiale a légèrement baissé en 2020 en raison de la pandémie de coronavirus pour la troisième fois seulement dans l’histoire de l’industrie moderne, selon l’association professionnelle Plastics Europe.
L’OCDE indique que 22 millions de tonnes de plastique ont été jetées dans l’environnement rien qu’en 2019, dont 6 millions de tonnes dans les cours d’eau, les lacs et les océans. Le plastique représente au moins 85% du total des déchets marins, selon l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement.
Plus de la moitié du plastique provenait d’Asie en 2020, la Chine représentant près d’un tiers du total mondial. La production de plastique dans la deuxième économie mondiale a bondi de 82% entre 2010 et 2020, bien au-dessus de la moyenne de croissance mondiale de 30%, selon un rapport de Plastics Europe.
La production européenne en 2020 était de 55 millions de tonnes, soit une baisse de 5% par rapport aux niveaux de 2019.
La croissance est principalement venue des États-Unis et du Moyen-Orient, car les matières premières y sont beaucoup moins chères, et de la Chine, car sa demande augmente plus fortement, a déclaré Jean-Yves Daclin, directeur général de Plastics Europe pour la France.
Un rapport de 2021 du World Wildlife Fund a estimé que la production mondiale de plastique doublerait d’ici 2040.
Le monde doit recycler plus de plastiques
Le recyclage est la principale solution pour stopper la progression de la pollution plastique. Bien que l’Europe recycle plus d’un tiers de ses déchets plastiques, à l’échelle mondiale, seuls 9% environ des déchets plastiques ont été recyclés en 2019, selon l’OCDE.
Toutefois, des technologies de recyclage prometteuses, comme le recyclage enzymatique développé par la société française Carbios, émergent. D’autres solutions incluent le développement de produits sans emballage, d’articles consignés et de conceptions respectueuses de l’environnement avec une longue durée de vie.
Le plastique fabriqué à partir de ressources agricoles - telles que le sucre, l’amidon, le maïs et le blé - représente moins d’un pour cent de la production mondiale. L’utilisation des terres agricoles et des ressources en eau limite son développement comme moyen de réduire la consommation de pétrole. De plus, ces plastiques sont rarement complètement biodégradables ou compostables et « en réalité ne font qu’esquiver le problème », selon la Fondation Heinrich Boell, un groupe de réflexion allemand sur l’environnement. D’où l’émergence de plastiques de deuxième et troisième génération issus de déchets végétaux ou d’algues.
Une autre technique — ambitieuse — consiste à fabriquer du plastique à partir du dioxyde de carbone rejeté dans l’atmosphère par l’industrie. Des tests ont été menés par L’Oréal, LanzaTech et Total avec la création du premier flacon de shampooing issu d’émissions industrielles de carbone.