En l’absence de nouvelles politiques audacieuses, la production annuelle de plastiques issus de combustibles fossiles devrait tripler d’ici 2060 pour atteindre 1,2 milliard de tonnes, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De son côté, la quantité de déchets plastiques montera aussi en flèche pour dépasser le milliard de tonnes. Des politiques ambitieuses pourraient toutefois limiter cet emballement, notamment en combinant taxes et incitations au recyclage, estime l’organisation internationale, qui invite les États à se coordonner. Pour le moment, les États semblent plutôt tâtonner.
Interdiction des plastiques à usage unique
« L’interdiction, ça marche : on voit beaucoup moins de sacs plastique dans les arbres et en mer depuis quelques années », assure Carole Carpentier, de l’ONG Gestes Propres.
En France, les sacs plastiques à usage unique, type sacs de caisse, sont interdits depuis 2016. Signe des temps, l’association —qui lutte depuis cinquante ans contre les déchets abandonnés dans la nature— a même troqué le sac de caisse pour des masques chirurgicaux dans ses campagnes d’affichage. En 2020, la pays a également proscrit les cotons-tiges, de même que la vaisselle plastique en restauration collective.
Un an plus tard, l’Union européenne a également décidé de bannir plusieurs produits plastiques à usage unique comme les cotons-tiges, pailles, touillettes à café, couverts et assiettes.
C’est le Kenya, où les sacs plastique sont interdits depuis 2017, qui a la législation la plus sévère, avec des amendes pouvant atteindre 32.000 euros et de la prison. Dans la réalité, si les arrestations sont nombreuses, le nombre d’amendes et de peines de prison est bien moindre.
La taxation
Plastics Europe, association d’industriels européens des plastiques, plaide en faveur d’une éco-contribution pour les matériaux les plus difficiles à recycler, via la Responsabilité élargie du producteur (REP).
Officiellement en vigueur en France depuis une trentaine d’années sur les emballages ménagers, elle n’offre « pas de très bons résultats car elle n’est pas strictement appliquée », déplore Jean-Yves Daclin, son directeur général France.
« Par exemple, la collecte sélective des déchets hors foyer est très peu développée. Citeo, chargé de cette REP, a longtemps mis la priorité sur le recyclage des emballages plus faciles (verre, papier, métal) et a accéléré sur les plastiques seulement depuis une dizaine d’années », regrette-t-il.
Toutefois, à l’horizon 2025, « pratiquement tous les produits contenant du plastique seront couverts par un système de REP », explique-t-il.
À chaque fois que quelqu’un met un produit sur le marché, il paie une taxe calculée par Citeo, redistribuée aux collectivités locales.
Le contrôle de la provenance des plastiques
La Californie veut imposer au moins 30% d’emballages plastiques recyclables d’ici 2028 et elle compte interdire le polystyrène expansé d’ici dix ans. Un effort qu’il appartiendra aux industriels eux-mêmes de mettre en oeuvre et de financer.
En France, l’objectif est d’avoir en 2030 au moins 30% de plastiques recyclés dans la fabrication des bouteilles.
« Il faut aller bien plus loin », tance l’ex-député français François-Michel Lambert, qui milite pour l’interdiction progressive du plastique pétrosourcé. En « coupant le robinet », le plastique deviendra un matériau rare, donc gagnera de la valeur et ne terminera plus dans les océans, assure-t-il.
Un avis partagé par le cabinet indépendant SystemIQ, qui estime que pour atteindre l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre en 2050, il faudra que 78% du plastique européen provienne d’autre chose que du pétrole fossile (contre 14% aujourd’hui).
« Remplacer les pétrosourcés par des plastiques à usage unique biosourcés n’est pas forcément mieux. Cela dépend des caractéristiques du matériau », tempère Lucie Courtial, de Beyond Plastic Med, en insistant : « Comme pour les autres matériaux, la réduction doit venir en premier ».