Selon une étude de l’ADEME dévoilée fin novembre, après les opérations de déstockage, les invendus non alimentaires représentent une valeur marchande de plus de deux milliards d’euros chaque année en France. Moins de la moitié (850 millions) de ces invendus font l’objet d’un don, et 15% sont encore détruits alors que la destruction de ces invendus provoquerait jusqu’à 20 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que leur réutilisation.
C’est pour mettre fin à ce gaspillage que l’article 35 de la loi AGEC [1] oblige à partir du 1er janvier 2022, les producteurs, importateurs et distributeurs à réemployer, réutiliser ou recycler les produits non alimentaires invendus.
Hygiène et soins en pointe des dons
Sont concernés par la nouvelle loi, les produits électriques et électroniques, les piles, textiles, meubles, cartouches d’encre et les produits d’entretien, d’hygiène et de soins [2], ainsi que les équipements de conservation et de cuisson des aliments, les produits d’éveil et de loisirs, les livres et les fournitures scolaires. Pour s’en débarrasser, les entreprises peuvent les donner. Certaines le font d’ailleurs depuis plusieurs années : en 2019 selon l’ADEME, 21% des invendus étaient écoulés par des dons.
« Cette année, il y a déjà eu plus de dons car les entreprises se sont préparées à la loi », indique à l’AFP Romain Canler, directeur général de l’Agence du don en nature, qui reçoit des produits de près de 200 entreprises et les distribue à un réseau de 1300 associations. L’agence a ainsi reçu environ deux fois plus de produits qu’en 2019, assure-t-il.
Les articles d’hygiène et de bien-être sont les plus demandés. Dans le secteur, le don est déjà la solution la plus pratiquée. En 2019, 67% des invendus dans la catégorie hygiène et soins étaient donnés.
Le groupe suédois Essity, qui détient les marques Nana ou Lotus, assure notamment qu’il distribue déjà « tous les produits d’hygiène concernés par ce texte auprès d’associations partenaires ».
Revendre, recycler ou baisser la production
Les entreprises peuvent aussi choisir de réemployer une partie de leurs invendus ou de les recycler. Chez Fnac Darty, Leroy Merlin ou Ikea par exemple, certains sont vendus moins chers dans des espaces dédiés aux produits d’occasion. Fnac Darty en revend aussi certains à des sociétés qui récupèrent les pièces détachées. « Cela fait plusieurs années qu’on a initié le processus, c’est devenu du bon sens commerçant de travailler comme ça », explique à l’AFP Katell Bergot, directrice « seconde vie » du groupe.
De manière générale, distributeurs et producteurs se disent d’ailleurs prêts pour la nouvelle loi. Même dans l’habillement, où le taux d’invendus atteignait en 2019 quelque 4,1% du chiffre d’affaires du secteur, soit 1,7 milliard d’euros, selon l’ADEME.
« Depuis deux ans, les enseignes ont appris à mieux anticiper la demande pour produire exactement le nombre de produits qu’on va vendre », assure Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce qui représente les grands magasins et les enseignes de mode et de chaussures.
À long terme, Romain Canler anticipe une baisse générale des invendus. « Le but de la loi n’est pas d’aider les associations mais de réduire au maximum les quantités d’invendus », rappelle-t-il. Il mise néanmoins sur le développement des politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour que les dons continuent d’affluer.