L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) est favorable à l’interdiction de l’octocrylène dans les produits de protection solaire. L’information révélée la vendredi dernier par France Info a été confirmée par l’Agence.
Filtre solaire controversé
L’octocrylène est couramment utilisé comme filtre UV pour protéger la peau des effets nocifs des rayons solaires. Depuis quelques années, cette substance est toutefois critiquée pour ses effets sur l’environnement. Il a été observé que l’octocrylène s’accumule dans les coraux, sous forme de conjugués d’acides gras, et déclenche un dysfonctionnement mitochondrial [1]. Une étude de 2021 a également pointé sa dégradation en benzophénone au cours du temps dans les produits du commerce.
Dans sa dernière opinion datant de 2021, le comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (SCCS) a considéré que l’utilisation de ce filtre était sûre dans les produits de protection solaire à une concentration maximale de 10%. Toutefois, l’analyse du comité ne couvrait pas l’aspect environnemental qui est au cœur de la demande d’interdiction formulée par l’ANSES.
Selon l’Agence, l’interdiction de ce filtre serait la seule option pour réduire sa présence et ses effets néfastes sur les écosystèmes. Transmise le 26 mai au Ministère de la transition écologique, la recommandation de l’ANSES n’a toutefois pas été adressée aux autorités européennes, une situation inhabituelle.
Du côté du Ministère, on dément toute volonté de blocage. La France devrait donc proposer à ses partenaires européens une revue des options possibles concernant la sécurité de cette substance.
Réaction de l’industrie
La Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) a rapidement réagi en soulignant que la sécurité de l’octocrylène avait été dûment évaluée par le SCCS dans sa décision de 2021.
Concernant l’impact de la substance sur l’environnement, la FEBEA estime que celui-ci « n’est pas documenté par des méthodes robustes » et qu’il n’y a pas de consensus scientifique sur le sujet. « Le blanchissement des récifs coralliens est principalement dû à la hausse de la température des océans liée au réchauffement climatique, suivi par d’autres facteurs reconnus comme la surpêche », affirme le représentant de l’industrie des cosmétiques.
Pour disposer d’une vision claire sur le sujet, l’industrie des cosmétiques cherche à élaborer un modèle de calcul standardisé de l’exposition de l’environnement marin aux filtres solaires dans le cadre de l’International Collaboration on Cosmetics Safety (ICCS). Une fois élaborée, cette méthode sera intégrée à un outil ouvert à tous : marques cosmétiques mais aussi organismes de recherche publics ou privés, agences. La solution devrait être finalisée fin 2023.