En quoi consiste votre travail ?
Clémence Droit - Mon travail commence lorsque nos clients lancent un appel d’offres pour du packaging. Je supervise le processus complet avec notre équipe de vente, de l’appel d’offres jusqu’à la livraison des emballages finis. Cela comprend l’envoi d’un devis détaillant le prix de chaque article de packaging, les matériaux choisis, la teinte, etc.
Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir le domaine du packaging comme carrière, et qu’est-ce qui vous passionne dans ce secteur ?
Clémence Droit - L’environnement a toujours été une préoccupation importante pour moi, et je souhaitais travailler au cœur du problème afin de pouvoir y apporter une solution. Mon objectif était d’avoir un impact positif en poussant les clients avec lesquels je travaille à faire des choix durables.
J’ai étudié le génie mécanique avec une spécialité dans le traitement des matières plastiques et composites. Cela m’a permis de décrocher mon poste actuel chez Qualipac, où je travaille au développement et à l’utilisation de matériaux d’emballage ayant un impact environnemental minime.
Quels sont les défis que vous souhaitez relever en matière de packaging ?
Clémence Droit - La durabilité ! Cependant, c’est beaucoup plus compliqué que ce à quoi je m’attendais. La « durabilité » est un terme vague qui recouvre plusieurs domaines. Il est donc souvent nécessaire de trouver un équilibre entre les différents besoins et les attentes des fournisseurs, tels que Qualipac, des clients, des marques et des consommateurs finaux.
Le matériau durable parfait n’existe pas toujours, ou peut entraîner des difficultés supplémentaires au cours des étapes suivantes. Les solutions alternatives peuvent s’avérer plus coûteuses, ne pas avoir l’impact recherché en matière d’émission ou de recyclabilité, ou ne sont pas toujours viables en termes de délais, de coût ou de quantité. C’est là qu’intervient ce besoin d’équilibre.
Il n’existe aucune solution universelle, surtout en matière de cosmétiques. Nous devons adapter chaque solution d’emballage à chaque cas d’utilisation particulier, en tenant compte des besoins du produit, des exigences des consommateurs, des réglementations du marché, etc.
Qu’est-ce qu’il y a d’unique dans votre approche de l’emballage ? Quel rôle essentiel joue-t-il dans votre entreprise/secteur ?
Clémence Droit - Une femme d’une vingtaine d’année, prête à bousculer les choses, cela peut déranger au sein d’une industrie traditionnellement dominée par les hommes. Je suis la seule femme responsable de projets et je travaille aux côtés de personnes qui sont là depuis toujours, depuis 30 à 40 ans dans certains cas. Je brise les habitudes et suggère de nouvelles idées et de nouvelles façons de penser.
Ma crédibilité et ma légitimité peuvent parfois être remises en question. Par exemple, dans le passé, on m’a dit que je n’avais pas l’apparence d’un chef de projet ou d’un ingénieur en mécanique. Comme si le génie mécanique et la féminité n’étaient pas compatibles !
Plus ils font ce type de remarques, plus je suis motivée pour leur montrer que cela n’a aucune incidence sur la façon dont je gère mes projets et n’affecte en rien leur qualité.
Du côté des fournisseurs, mon âge et mon sexe influencent la façon dont je suis traitée. Mais du côté des marques, nous avons tendance à travailler à la fois avec des hommes et des femmes qui ont une mentalité plus moderne.
Quel est selon vous l’avenir du packaging ?
Clémence Droit - L’avenir exige que toutes les parties prenantes fassent des compromis : les fournisseurs, les marques et les consommateurs finaux. Dans notre industrie, le packaging est plus important pour nous que pour les consommateurs. Ces derniers ne remarquent généralement pas tous les petits détails et défauts que je suis en mesure de repérer sur un emballage fini. En ce sens, nous, acteurs de l’industrie ainsi que les marques, sommes à l’origine du problème.
Si nous voulons créer un monde meilleur par le biais des emballages, nous devons cesser d’avoir peur et nous dire : « On ne touche pas à une formule qui marche ». Compromettre votre vision parfaite signifie prendre plus de temps que prévu, sortir de votre zone de confort, accepter des marges plus petites et mettre fin à la culture de surconsommation.
De quoi êtes-vous la plus fière dans votre carrière jusqu’à présent ?
Clémence Droit - Je travaille sur des projets impliquant plusieurs sites et plusieurs matériaux. C’est formidable de combiner les compétences de chaque site (plastique, verre, aluminium) et d’être en mesure de proposer à nos clients la solution la plus durable, fabriquée avec des matériaux et des procédés plus écologiques, et de limiter ainsi notre impact environnemental.
Dans mon poste précédent, un de mes clients souhaitait réutiliser ses déchets en les recyclant sous forme de bouchons. Par exemple, si seulement une partie de la fleur était utilisée dans le cadre de la production d’un soin cutané, il souhaitait utiliser le reste pour fabriquer le bouchon de ce produit.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels qui cherchent à laisser une trace dans le secteur de l’emballage ?
Clémence Droit - Il faut oser. Si personne n’ose rien faire, on ne peut pas progresser. Travaillez à votre rythme et n’ayez pas peur de semer la perturbation.
Si vous partagez les valeurs qui vous animent, même si les gens ne sont pas eux-mêmes à l’origine de l’initiative, ils peuvent décider de vous suivre. Assurez-vous de saisir toutes les opportunités qui se présentent à vous, même si ce n’est pas toujours amusant ou naturel pour commencer.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’avoir été sélectionnée pour rejoindre le programme « Future Leaders » ?
Clémence Droit - J’ai osé, et voilà où j’en suis ! Je suis ravie de représenter la jeune génération de cette industrie et d’être un moteur de changement pour un avenir durable. J’ai hâte de rencontrer des gens d’horizons différents et de découvrir leurs idées innovantes.